LE TITROLOGUE DE BABI: Grammaire tutorial

Grammaire tutorial


Règle d’accord du participe passé.
 
 La solution de Guy Dumoulin pour résoudre simplement
tous les accords du participe passé dans la langue française.


 


Préalable à la compréhension de la règle :
la notion de « sujet du texte ».


 
Ce qui est à l’origine des problèmes d’accord du participe passé, c’est la notion de « sujet » que
l’on apprend dès l’école primaire. Cette notion est pour moi un non-sens qu’il m’a fallu corriger,
car j’interprète « sujet » comme « qui est soumis ».  Ce que nous appelions « le sujet » représentait
plutôt pour moi quelque chose comme « l’acteur ».

Je donne un exemple : « les joueurs ont marqué cinq buts. » Il est cocasse d’expliquer que le
sujet est « les joueurs » : le sujet n’est soumis à rien, bien au contraire. C’est pourtant ce qu’on
nous explique depuis toujours.
Pour ma part, je considère que « les joueurs » sont le « sujet du texte » (on parle d’eux, c’est le
sujet dont on parle). Dans le cas présent, ils sont aussi les « acteurs ».
Dans un autre exemple « les pommes que les enfants ont mangées », je dirai que « les pommes »
sont le sujet du texte (on parle d’elles), et « les enfants » les acteurs.

Donc, si vous voulez me suivre, nous n’appellerons plus « sujet » celui, celle ou ce qui est à
l’origine de l’action, mais « acteur ».

Nous appellerons « sujet du texte » celui, celle, ou ce, dont on parle. C’est un élément nouveau
décisif, dont on peut s’étonner qu’il n’existât pas dans l’analyse classique : Comment bien
comprendre un texte, si l’on ne s’intéresse pas à ce dont il parle !


Prenons un exemple :

Les enfants se sont décidés à acheter un livre. …..Ils en ont feuilleté les pages……. qu’ils ont lues
ensuite avec passion.
    
Dans la première partie de la phrase, le sujet du texte est « enfants » (c’est des enfants dont on parle), et les acteurs
sont « les enfants » aussi, qui se sont décidés à acheter un livre.
Dans la deuxième partie de la phrase, le sujet du texte est toujours « enfants » (c’est d’eux dont on parle), et les
acteurs sont « ils », c’est à dire les enfants aussi, qui ont feuilleté les pages.
Dans la troisième partie de la phrase », le sujet du texte est « pages » (c’est des pages dont on parle), et les acteurs
sont « ils », c’est à dire encore les enfants, qui ont lu les pages avec passion.

Dans ce court texte, nous avons eu deux sujets du texte différents, et un seul acteur.
Avec un peu d’habitude, ça va de soi. Peut-être est-on un peu mal à l’aise au début, mais je vous
assure que l’on se met très naturellement à trouver les sujets du texte lorsqu’on en a besoin, c’est à
dire à chaque apparition d’un verbe conjugué !

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Faisons l’exercice ensemble avec une autre phrase. Tout est dans la manière de poser la question
après chaque verbe conjugué. (volontairement, je prends une phrase comme la première, dont
chaque information successive comprend un participe passé).

Cette forêt s’est endormie ; la princesse que le jeune homme a surprise, a oublié la vie qu’elle
avait vécue. Elle a rêvé qu’elle s’était jouée de tous les obstacles qu’elle avait connus, pour une
vie telle qu’elle l’avait imaginée.

La phrase vaut ce qu’elle vaut, mais pour les participes passés, on est servis. On va s’arrêter après
chaque verbe pour rechercher « le sujet du texte » du membre de phrase. Pour cela, il y a un
moyen pour le trouver à coup sûr, c’est de reformuler la phrase en commençant par : « je parle
de …qui (ou que)…»


Allons-y, cherchons les « sujets du texte » :

Cette forêt s’est endormie ( je parle de cette forêt qui s’est endormie.) ; la princesse que le jeune
homme a surprise (je parle de la princesse que le jeune homme a surprise.), a oublié  (je parle
de la princesse qui a oublié.) la vie qu’elle avait vécue.(je parle de la vie qu’elle avait vécue.)
Elle a rêvé (je parle de la princesse qui a rêvé.) qu’elle s’était jouée (je parle de la princesse qui
s’était jouée.) de tous les obstacles qu’elle avait connus (je parle des obstacles qu’elle avait
connus.), pour une vie telle qu’elle l’avait imaginée (je parle de la vie  qu’elle avait imaginée).


Et voilà : nous tenons nos « sujets du texte », qui sont soulignés en noir dans cet exemple : je
parle d’eux à chaque fois.


Souvenez-vous de la difficulté que nous avons eue enfant à trouver un simple complément d’objet,
qui se cache souvent dans un « que », un « l’ », un « en », qui se trouve devant ou derrière le
verbe, etc… par comparaison, le « sujet du texte » est ce qu’il y a de plus facile à trouver.

Faites cet exercice pendant quelques jours en lisant votre journal : après chaque verbe conjugué,
allez-y de votre « je parle de…qui ou que….. », et je vous promets que ça viendra tout seul : vous
aurez adopté ce nouveau « sujet du texte », et vous le reconnaîtrez aussi facilement que
« l’acteur ». D’autant que votre journal est mieux rédigé que mon exemple, et qu’il n’aime guère
les phrases inutilement complexes.

Je n’ai trouvé de difficulté que dans les phrases contenant le qualificatif « dont » ou « pour
lequel »

Les enfants se sont décidés à acheter un livre dont ils ont arraché les pages… Dans la deuxième
partie de la phrase, le sujet du texte n’est pas « livre », mais « enfants ». On ne parle pas du livre
qui ou que ont arraché, mais des enfants qui ont arraché. Si le sujet du texte est bien choisi, la
structure de la phrase reste la même après qui ou que (je parle des enfants qui ont arraché les
pages, mais je ne peux pas parler du livre qui (ou que) ont arraché les pages.)




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L’accord du participe passé : La règle.
Bien… nous avons trouvé ce « sujet du texte », carrément adopté même, mais nous est-il vraiment
utile à quelque chose ? On ne se donne pas autant de mal pour la simple satisfaction de découvrir
une nouveauté….

Je vais vous surprendre : il nous sert à accorder directement le participe passé ! Je vous donne la
règle :

Le participe passé d’un verbe s’accorde avec le sujet du texte s’il le qualifie, sinon il est
invariable.
Précisons que lorsque le participe passé est suivi d’un adjectif, celui-ci « fait corps » avec.

Prenons des exemples :

La pointe du crayon est affûtée. Sujet du texte : « la pointe » ; « affûtée » qualifie la pointe. Donc
on accorde ce participe passé avec le sujet du texte.
Sophie a affûté la pointe du crayon. Sujet du texte : « Sophie », « affûtée»  ne qualifie pas
Sophie. Donc le participe passé reste invariable..
Sous la lame, la pointe du crayon s’est affûtée. Sujet du texte : « la pointe » ; « affûtée » qualifie
la pointe. Donc on accorde ce participe passé avec le sujet du texte.
Pour dessiner, Sophie s’est affûté la pointe du crayon. Sujet du texte : : « Sophie », « affûtée»
ne qualifie pas Sophie. Donc le participe passé reste invariable..
La pointe du crayon, Sophie se l’est affûtée pour dessiner. Sujet du texte : « la pointe » ;
« affûtée » qualifie la pointe. Donc on accorde ce participe passé avec le sujet du texte.


Vous avez compris pourquoi lorsque j’étais enfant, je faisais assez peu d’erreurs : j’accordais avec
ce dont on parlait, si ça « allait » avec. C’était ma façon d’énoncer la règle. Je ne vous empêche
pas de l’énoncer de cette façon si ça vous amuse.


Vous allez en déduire qu’il est très facile d’accorder les participes passés : il suffit de savoir
si le sujet du texte « est » ou n’ « est pas », pour accorder en conséquence. Eh bien, si c’est la
base de la solution, ça ne suffit pas dans tous les cas. Parlons maintenant des cas particuliers
(qui ne sont pas des exceptions), mais qui posent un problème de compréhension.




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 Les verbes à double sens.

Il y a des verbes qui ont un double ou triple sens : servir par exemple. Servir quelque chose, c’est
le présenter (un plat, par exemple). Servir quelqu’un, c’est être à son service.. Mais se servir de
quelqu’un signifie exactement le contraire, c’est l’utiliser à son propre service. Alors quand je dis
« Elle s’est servie d’un outil», quel sens du verbe prendre pour savoir si elle « est »servie ? Et ce
n’est pas l’apanage des verbes pronominaux : une facture qui augmente, est-ce que ça veut dire
qu’elle devient plus élevée, ou qu’elle est rendue plus élevée par celui qui la fait , ce qui est bien
différent ?

Alors, si vous suivez la simple méthode ci-dessus, vous ferez des erreurs :
Grandi veut dire devenir plus grand (elle a grandi).
Mais ça veut dire aussi rendre plus grand (ces échasses qui la grandissent).
Alors, je répondrai : oui, elle (sujet du texte) est grandie, et je serai tenté d’accorder, ce qui serait
une faute d’accord impardonnable. On ne va pas entrer dans la mécanique de ces verbes, mais
sachons qu’on en trouve tout de même plus qu’on ne le voudrait, et qu’ils sont une véritable
difficulté de la grammaire.

Nous en trouverons bien plus encore dans les verbes pronominaux : comme se servir, que nous
venons de voir.


Cette jeune fille a grandi.

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 Cherchons la solution….

Cette solution passe par une phrase magique, qui est ce qu’il y a de plus simple à retenir (elle
devait nécessairement exister, puisque le système avait une logique). Elle permet à la fois de
trouver le sujet du texte, et de déterminer l’accord en contournant les pièges posés par ces verbes à
plusieurs sens. Je vous en donne la structure :

Je parle de (je trouve au passage le sujet du texte ), qui a, qui est, ou qui s’est…..
On peut aussi dire « On parle de….)

 Reprenons l’exemple du verbe « affûter », qui est ce qu’il y a de plus ordinaire.

 1-La pointe du crayon est affûtée.
Je parle de la pointe qui  est affûtée.

2-Sophie a affûté la pointe du crayon.
Je parle de Sophie qui a affûté.

3-Sous la lame, la pointe du crayon s’est affûtée..
Je parle de la pointe qui est affûtée.

4-Pour dessiner, Sophie s’est affûté la pointe du crayon.
Je parle de Sophie qui a affûté

5-La pointe du crayon, Sophie se l’est affûtée pour dessiner.
Je parle de la pointe qui est affûtée.

Ici : nous voyons que c’est simple :

Chaque fois que l’on trouve l’auxiliaire avoir, la participe passé est invariable, et chaque fois
que l’on trouve l’auxiliaire être, il s’accorde avec le sujet du texte.

Attention, il est important de commencer par se poser la question « qui a » avant « qui est », à
cause de ces quelques verbes qui ne demandent qu’à répondre aux deux sollicitations (on peut à la
fois être et avoir), comme dans l’exemple « Cette facture a augmenté ».

Arrivons aux formules pronominales. Nous avons vu que la plupart du temps, elles se pliaient
volontiers à la règle, comme dans les exemples 4 et 5 ci-dessus. Mais ce ne sera pas toujours le
cas. Et certaines ne voudront pas répondre clairement à notre formule.

6-Les enfants se sont souvenus de leurs vacances.
7-Les enfants se sont départis de leur bonne humeur.
8-Ils se sont attendus à un malheur.
9-Ils s’en sont donnés à cœur joie
 !
10-Ils se sont doutés de cette difficulté.
11- Ils se sont attaqués à leurs pairs.

Ces deux derniers exemples sont plus subtils :
On pourrait croire qu’ils ont douté, mais ça ne voudrait pas dire la même chose : « se douter de »
veut dire « deviner » alors que « douter de » veut dire « ne pas croire ».
De même si on peut dire « je parle d’eux qui ont attaqué », on ne peut pas dire « je parle d’eux qui
ont attaqué à.. »

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C’est là que notre phrase magique nous invitera à répondre « je parle des enfants qui se sont
souvenus. (et non pas « qui ont » ou « qui sont ». Dans ces quelques cas, le participe passé
s’accordera avec le sujet du texte. La quasi totalité de ces verbes sont suivis d’un
complément d’objet indirect (sauf peut-être s’écrier).


Nous trouverons aussi des verbes pronominaux dans des situations où le sujet du texte est à la fois
celui qui « a » et celui qui « est » :

 12-Les élèves se sont chaussés.
13- Elles se sont toutes déplacées vers la scène.
14- Les congressistes se sont réunis en un seul groupe.

le participe passé s’accordera aussi avec le sujet du texte, comme dans les exemples
précédents : « je parle des élèves qui se sont chaussés. »


En résumé, il n’y a que deux solutions, ou bien le participe passé est invariable avec une phrase
magique « qui a », ou il est accordé avec le sujet du texte avec une phrase magique « qui est », ou
« qui s’est »
 


Les exceptions

Il n’y en a guère, mais quelques participes passés de verbes pronominaux immédiatement suivis
d’un infinitif résisteront à notre méthode. Nous avons là des constructions de phrases difficiles,
qui invitent à une autre approche.
 
15-Les pourboires que les garçons se sont vu glisser dans la main…
16-Les garçons se sont vus glisser sur les pistes enneigées.
17- Ils se sont fait berner.

Dans ce cas, nous saurons qu’il faut oublier le sujet du texte, et accorder le participe passé avec
l’acteur (l’ancien « sujet »), si c’est lui qui fait l’action définie par l’infinitif, sinon le laisser
invariable. Dans l’exemple 15, nous n’accordons pas le participe « vu », car ce ne sont pas les
garçons qui se glissent le pourboire dans la main, et dans l’exemple 16, nous accordons le
participe « vus », car les garçons glissent bien.



Bon voyage au pays du participe passé !
 






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